|
Repère culturel de Termes |
|
[Historique] [Plan du château] [Description du château] [Village]
[Église
Notre-Dame] [Chapelle Saint-André] [Moulin de la Buade] [Gorges] [Buis taillés]
[Association] [Bibliographie] [Liens]
[Droits
d’auteur] [Retour au sommaire]
TERMES
(Tèrme)
La famille seigneuriale de Termes apparaît pour la première fois dans les textes en 1061. Elle était à la tête d'une vaste circonscription féodale, le Termenès, constituée au début du XIe siècle au sud du comté de Carcassonne à la frontière des possessions des comtes de Cerdagne puis Barcelone. Pendant tout le XIIe siècle cette famille est périodiquement en conflit avec l'abbaye de Lagrasse voisine, notamment pour la possession de mines d'argent de Palairac.
Lors de la Croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort, après la prise de Carcassonne, se doit de soumettre les trois principales places fortes du comté : après l'échec du siège de Lastours puis la prise de Minerve, Simon de Montfort se dirige vers Termes. En 1210 au moment du siège le site se présente de la façon suivante : au sommet de l'éperon se trouve le château, résidence de la famille seigneuriale, constitué d'une enceinte sur laquelle s'appuient divers bâtiments dont une chapelle, avec au centre un donjon carré ou rectangulaire. - Autour du château, une seconde enceinte, abrite les maisons des chevaliers. - Sur le flanc sud, le village castral, protégé par une enceinte se greffant sans doute sur la précédente. - Dans la vallée, à l'Est, un bourg (village actuel), où l'église paroissiale est construite depuis 1163. - Sur l'extrémité nord de l'éperon, un fortin appelé le Termenet, qui contrôle l'approche du château par le Nord.
Le site vu du nord. Au premier plan les gorges du Termenet ou de la
Frau,
au second à droite le rocher qui portait la tour du Termenet,
au troisième plan le château.
Le catharisme semble avoir été bien implanté dans la famille de Termes au moment du siège : Raymond, seigneur de Termes est accusé d'hérésie et n'a pas fait dire la messe dans la chapelle du château depuis plus de trente ans. Le parfait Benoît de Termes, probablement le frère de Raimond, est présent du côté des hérétiques au colloque de Montréal face à Saint-Dominique en 1207, et sera nommé évêque cathare du Razès en 1226.
Le siège commence début août par un duel de catapulte entre les assiégeants et les assiégés. Simon de Montfort échouant dans son attaque par le flanc sud, reporte ses efforts au nord, investit le Termenet, puis bombarde de là le donjon. Mais c'est un problème d'eau qui vient à bout du château : les assiégés qui ont attrapé la dysenterie en buvant l'eau des citernes, fuient le château dans la nuit du 22 au 23 novembre. Raimond de Termes, resté sur place, est arrêté et finit ses jours en prison à Carcassonne. La forteresse, confisquée, est rattachée à la couronne de France en 1228.
Olivier de Termes, fils du seigneur vaincu, continue dans un premier temps, aux côtés du comte de Toulouse et du vicomte de Carcassonne, la résistance aux armées royales jusqu'en 1243, puis se met au service du roi Louis IX en Languedoc et en Terre Sainte, où il meurt le 12 août 1274 à la tête des armées du royaume de Jérusalem. Ami des rois saint Louis, Jacques d'Aragon, du pape Clément IV, il fut considéré par ses contemporains comme un des plus valeureux chevaliers de son époque.
Intégré dans la ligne des places fortes gardant la frontière avec l'Aragon, le château de Termes est reconstruit au milieu du XIIIe siècle, et est occupé par une garnison royale. Au XVIIe siècle, suite au recul de la frontière, la forteresse devenue inutile est détruite sur l'ordre du roi : pendant un an, entre 1653 et 1654, un maître maçon de Limoux démantèle les murailles à la poudre. Dès lors le site sombre dans l'oubli. Il faut attendre le XXe siècle pour que des mesures de protection soient appliquées. Classé en tant que site en 1942, puis en tant que monument historique en 1989, les ruines appartiennent à la commune et sont ouvertes au public depuis cette date.
Élevé sur une plate-forme entourée sur trois côtés par un profond ravin, le château n'est accessible que par la face méridionale. Après le col, on distingue d'abord les vestiges très ruinés de l'enceinte du village médiéval, réutilisés en mur de terrasse. Puis on arrive à la première enceinte du château, dont l'entrée principale s'effectuait au XIIIe siècle dans l'angle sud-est au moyen d'une rampe qui débouchait sur une porte en grande partie détruite. Cette entrée était défendue par une échauguette et par une tour à bossage qui battait la rampe. Dans l'angle sud-est, détruit, se trouvait probablement l'entrée du château avant 1210. Une poterne défendue par une échauguette construite sur des contreforts, occupe la partie nord-ouest.
Enceinte du village médiéval.
Vestiges d’une défense rectangulaire coté ouest réutilisée plus tard en mur de
terrasse.
Cette poterne permet d'accéder au site du Termenet : du fortin décrit par un chroniqueur de la Croisade contre les Albigeois, il ne reste qu'un fragment de maçonnerie caché dans une anfractuosité, et quelques aménagement du rocher. On bénéficie de là d'une vue superbe sur le château, les gorges de Termenet et le moulin de la Buade.
La deuxième enceinte, plus ruinée, montre les vestiges d'une rampe d'accès et de la porte, dans l'angle sud-est, avec les traces d'une citerne et d'un lavabo. Le côté ouest est occupé par la chapelle castrale, à la voûte écroulée, éclairée par deux fenêtres romanes dont l'une est cruciforme. Au sommet du site, on distingue les énormes blocs de maçonnerie épars, vestiges du donjon détruit en 1654.
Les fouilles réalisées en 1994 dans la "chapelle"
semblent confirmer la destination de l'édifice : derrière un mur tardif
divisant la pièce en deux a été mis à jour la base d'un pilier qui supportait
sans doute une table d'autel.
Dans l'ensemble, peu de vestiges sont antérieurs à la croisade : une partie de la face sud de la première enceinte, la deuxième enceinte et une partie des bâtiments qu'elle abritait. Le reste est l'œuvre des ingénieurs du roi dans la seconde moitié du XIIIe siècle, et au début du XIVe siècle.
Termes, en contrebas du château sur une pente exposée au sud, est lové dans un méandre que forme le Sou. En 1163 ce lieu n'était qu'un faubourg (barri), où les seigneurs de Termes projetaient de construire une église paroissiale, le village principal se trouvant derrière une enceinte encore visible à mi pente entre le château et le col. Ce premier village ayant été détruit lors du siège de 1210, les habitants reconstruisirent leurs maisons dans la vallée. Au XIIIe siècle Termes devint le chef-lieu d'une circonscription judiciaire, la viguerie du Termenès, et d'une circonscription religieuse, l'archiprêtré du Termenès. L'importance de Termes, qualifié du titre de ville jusqu'au XVIIe siècle, diminua considérablement lorsque le siège de la viguerie fut établi à Félines-Termenès.
Dans la partie la plus haute du village, d'anciennes aires de battage sont encore visibles sous forme de terrasse. Ces modestes aménagements sont les témoins de l'agriculture traditionnelle telle qu'elle s'est pratiquée jusqu'au début du XXe siècle.
L'ÉGLISE DE LA NATIVITÉ DE NOTRE DAME
L'église de Termes aurait été édifiée à partir de 1163, comme le stipule l'acte de partage du château de Termes entre les deux frères, Raimond et Guillaume de Termes. Depuis, le bâtiment n'a pas subi de modifications notoires, excepté la surélévation du mur nord pour diminuer la pente de la toiture en 1890 (on observe encore de ce côté la couverture en lauzes qui subsiste sous les tuiles canales), le déplacement du portail du sud à l'ouest (1880), le remaniement des fenêtres primitives (XIXe siècle), ainsi que la transformation du clocher mur en clocheton à quatre baies à une époque indéterminée.
L'édifice comporte une nef unique rectangulaire et un chevet plat. Le sanctuaire, voûté en berceau brisé, est composé de trois travées. Des pilastres supportent des arcs doubleaux, une corniche moulurée en quart-de-rond court tout au long des murs et se retourne en imposte sur ces mêmes pilastres. Une corniche au profil chanfreiné repose sur des corbeaux en quart-de-rond sur les murs nord et sud. Le portail est formé d'un arc en plein cintre chanfreiné. Le clocheton abrite une cloche de 1541 dédiée à la Vierge. L'intérieur du sanctuaire recèle un bénitier dont le support est agrémenté de trois blasons portant les armes de Pierre de Montbrun, archevêque de Narbonne (1272-1286). Sur le chevet est accrochée une toile du XVIIe siècle représentant la Vierge à l'enfant entre Sainte-Cécile et Sainte-Catherine.
Au sud-est du village, dans la vallée du Sou, s'élève une modeste chapelle connue sous le vocable de Saint-André. Cet édifice sans doute d'origine médiévale, était en 1673 encore entouré d'un cimetière. Mais dans son état actuel il remonte à une époque récente et fut restauré en 1890. Il renfermait autrefois une statue en bois représentant Saint-André. Durant les périodes de sécheresse les habitants de Termes se rendaient en procession jusqu'à la chapelle pour plonger la statue dans l'eau de la rivière toute proche. Encore toute mouillée, la statue était replacée dans son sanctuaire. Une pluie bienfaitrice devait alors suivre la cérémonie. Cette pratique représentait peut-être le maintient d'une vieille coutume liée à une divinité antérieure au christianisme.
Deux moulins existent à Termes. Le premier n'est plus qu'une maison d'habitation dans le village de Termes. Le deuxième, le moulin de la Buade est installé à 2,6 km en aval du village, sur la rive gauche du Sou. L'ensemble du mécanisme est toujours en état de marche, depuis l'arrivée d'eau par le béal, jusqu'aux meules destinées à transformer le blé en farine. Elles sont mises en mouvement par une roue horizontale elle-même actionnée par l'énergie hydraulique. (Propriété privée).
LES GORGES DE TERMENET ET DE COYNEPONT
Entre le moulin de la Buade et le village de Termes, la route percée en 1903, longe en passant sous deux tunnels les Gorges de Termenet au fond desquelles coule le Sou. Il s'agit d'un défilé vertigineux creusé dans des calcaires massifs du Dévonien moyen et inférieur. Au centre, sur toute la hauteur des gorges, on observe une belle veine verticale de marbre rouge. Ces gorges, comprises dans un périmètre protégé, sont fréquentées par les adeptes du Canyoning.
Dans la partie sud de la commune, en amont de la chapelle Saint-André, toujours le long du Sou, existe un autre site naturel protégé : les gorges de Coynepont. Elles sont aussi implantées dans des calcaires du Dévonien inférieur. Dans sa partie médiane, le site forme un cirque naturel et présente dans une portion de son lit un chaos de blocs de travertins, vestige d'un pont naturel disparu. (Coynepont signifiant Pont-Grotte).
Comme dans d'autres communes des Corbières de l'ouest, la D 40 qui dessert la commune de Termes est jalonnée de buis aux formes insolites. L'administration de l’Équipement perpétue cette tradition propre aux cantonniers de cette région qui consiste à tailler régulièrement les buis en forme de boule, cube ou autres volumes. Cette attitude ne semble pas remonter avant les années 1900, époque de l'aménagement de la route actuelle.
L'ASSOCIATION TERMES EN TERMENÈS
Depuis 1989, cette association œuvre pour la valorisation et la sauvegarde du monument et du site. Elle organise chaque été un chantier de fouilles ou de mise en valeur.
Adresse de l'Association : Mairie, 11 330 Termes. Tél. 04 68 70 03 84.
· ASTRUC (Abbé J.L.), Termes en Termenès, Grenoble, 1939.
· BAYROU (L.), "Essai sur les techniques de construction des forteresses royales des Corbières, XIIIe et XIVe siècles", Études Roussillonnaises, VIII, 1988, pp. 7-170.
· BAYROU (L.), Le château de Termes, Centre d’Archéologie Médiévale du Languedoc / C.D.P.C.A., 1989.
· LANGLOIS (G.), "La formation de la seigneurie de Termes", Heresis, n° 17, 1991, pp. 51-72 et n° 18, 1992, p. 71.
· LANGLOIS (G.), "Le siège du château de Termes par Simon de Montfort en 1210, problèmes topographiques et historiques", Heresis, n° 22, 1994, pp. 101-134 et n° 24, 1995, pp. 87-89.
· LANGLOIS (G.), "Étymologie et orthographe de Termes (Aude), et des noms dérivés", Bulletin de la Société d'études Scientifiques de l'Aude, t. LXXXXIII, 1993, pp. 167-169.
· LANGLOIS (G.), "Olivier de Termes et son entourage, de la croisade albigeoise aux croisades en Terre Sainte", Les voies de l'hérésie : le groupe aristocratique en Languedoc (XIe-XIIIe siècles). Actes du 8e colloque du Centre d'Études Cathares / René Nelli, Couiza, 28 août-1er septembre 1995. Carcassonne : Centre d’études cathares, 2001. (Collection Heresis, n° 8), vol. 2, Avant et après la croisade: seigneurs et seigneuries, pp. 207-258.
· LANGLOIS (G.), Olivier de Termes, le cathare et le croisé, Toulouse : Éditions Privat, 2001, 288 p.
Dossier Olivier de Termes. Retrouvez sur ce site des extraits du livre « Olivier de Termes, le cathare et le croisé » des cartes de la croisade, la généalogie de la famille de Termes, un forum de discussion sur le siège de Termes et sur Olivier de Termes. Vous pouvez aussi y commander le livre. "Voyage en Terre
d'Oc, le catharisme" Ce site propose notamment plusieurs
photographies du château de Termes un forum consacré au siège de Termes et
des informations pratiques pour la visite. |
Texte extrait en partie du repère culturel de Termes
rédigé par Dominique Baudreu et Gauthier Langlois avec l’aide de la Commune de
Termes et du Centre d’Archéologie médiévale du Languedoc pour le Conseil
Général de l’Aude et l’Association Termes en Termenès. Plan d'après Lucien
Bayrou.
© Conseil Général de l’Aude et Gauthier Langlois pour
le texte, Lucien Bayrou pour le plan.
|
Page réalisée par Gauthier LANGLOIS Extraite du site Paratge à
l’adresse : |