PORTEL (ALENTEJO, PORTUGAL)

 

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DÉCOUPAGE DÉTAILLÉ

 

     On trouvera ci-dessous le découpage détaillé du film, avec la transcription complète des commentaires (en italiques), des interviews (en italiques entre guillemets) et la description des séquences (en caractère normal). On trouvera un découpage plus court en cliquant ici.


 

0’00’’

Générique

 

 

Introduction

 

0’30’’

Le point de vue
Point de vue fixe. Les oliviers qui montent en rang serré sur la colline, le village dominé par une forteresse, l’éclat de la lumière, le bleu du ciel, tout indique un paysage méditerranéen.

 

 

Zoom arrière montrant en gros plan des chênes lièges. En reculant de quelques mètres un indice apparaît qui nous permet de nous situer avec précision. Les arbres au premier plan sont des chênes lièges, reconnaissables à leur tronc écorcé.

 

1’05’’

Situation
Une carte de la Méditerranée, puis un zoom sur la péninsule ibérique. Ce paysage se rencontre principalement dans la péninsule ibérique, en Extremadura ou bien en Alentejo, au sud du Portugal. Nous sommes en Alentejo, un nom qui signifie au delà du Tage. La province s’étend entre le fleuve et l’Algarve . Sa superficie représente un peu moins du tiers du territoire portugais. Le paysage est situé au centre de la province, à Portel entre Evora et Beja, les principales villes de la région.

 

1’42’’

Le site
L’abondance des arbres donne l’impression que les environs de Portel sont incultes, abandonnés à la forêt. Ni pré, ni champ, aucune habitation en dehors de celles qui entourent le château. En s’approchant on s’aperçoit que les chênes sont élagués, éloignés les uns des autres comme des pommiers dans un verger. La lumière parvient au sol et permet des cultures sous le couvert des arbres. Entre deux champs de blé ou d’avoine, des troupeaux se nourrissent de l’herbe et des glands. Un même espace peut simultanément produire des céréales, nourrir des animaux, fournir du liège. Cette organisation ne doit rien au hasard. Les chênes s’adaptent aux sols les plus pauvres, ils résistent à la sécheresse qui est ici endémique.

 

 

Organisation du paysage

 

2’52’’

Décomposition du paysage
Au premier regard le paysage paraît uniforme. Des arbres le recouvrent intégralement à l’exception du village et d’une route. En réalité il est composé de deux parties. L’espace occupé par les oliviers est morcelé en une multitude de parcelles étroites alors que les chênes lièges forment la partie extrême d’un seul domaine dont la superficie dépasse 2000 hectares.

 

3’24

Sur la photo satellite on retrouve Portel et les oliveraies qui l’entourent. 600 exploitations se partagent cet espace réduit alors que le reste du territoire est accaparé par une centaine de propriétés qui occupent à elles seules plus de 90 % des terres. En Alentejo comme en Andalousie et en Sicile la grande propriété est la règle. [On notera l’immensité de la commune : 40 km de large].

 

4’00’’

La grande propriété
Images d’un tracteur qui laboure puis du portail et de la maison du maître. Nous sommes ici sur les terres du Peral. Une propriété de 5600 hectares. Son propriétaire possède des usines, un journal, des supermarchés. Sa fortune lui a permis d’acheter plusieurs propriétés en Alentejo. La terre est avant tout un symbole de puissance, un facteur de considération sociale. La moisson, la récolte des olives, le démasclage des chênes demandent une main d’œuvre considérable pendant quelques semaines. Le reste de l’année les ouvriers agricoles sont contraints à toutes sortes d’expédients pour survivre. 80 % des personnes vivant de l’agriculture sont des journaliers, engagés au jour le jour, soumis au bon vouloir du patron. Ils vivent dans la précarité et l’incertitude. Vue d’hommes désœuvrés.

 

4’50’’

Des femmes plantent de jeunes arbres. Maria de Fatima, ouvrière agricole, témoigne : « Je suis allé voir le patron. Le temps était à la pluie. On pourrait continuer un peu. On pourrait ensuite émonder, mettre de l’engrais et planter de nouveau en octobre. notre avenir ici c’est le chômage. On n’a pas grand chose. Presque rien… Quelques jours pour le liège en été. Deux ou trois mois pour les olives en hiver, et c’est tout. »

 

5’26’’

Custodia Frederica Maria Das, ouvrière agricole témoigne : « Le besoin est tel que tous n’ont pas la chance de faire la saison du liège. Je ne vois aucun avenir. Par exemple j’ai fait 4 semaines de liège. Pour nous ce n’est rien. Mon mari, la semaine dernière a gagné 4000 escudos (135 F) pour brûler les chaumes. C’est comme ça. Cette semaine il est allé élaguer le pied de jeunes chênes lièges. Ils ont ces branches basses qu’on coupe pour qu’ils prennent des forces en haut. Très peu de travail ».

 

6’15’’

La vie au village
18 heures, aucun bruit, le paysage est vide. Les ouvriers agricoles évitent d’y passer davantage que le temps nécessaire aux travaux des champs. Quand la journée s’achève ils retournent au village installé au pied de la montagne. Vue du village depuis le château, puis d’un tracteur ramenant trois personnes. Le village c’est le lieu où l’on échange ses produits, où l’on vend son travail au régisseur du grand domaine venu tout exprès embaucher la main d’œuvre dont il a besoin. On part très tôt le matin, on y rentre le soir pour dormir. Vue d’une femme en noir à sa porte puis d’enfants jouant dans la rue. Portel compte 2600 habitants. Dans la journée les rues sont vides. Ceux qui ont un emploi vaquent à leurs occupations. Les autres se protègent de la chaleur. Quand le soir tombe, la fournaise s’éloigne et les rues s’animent.

 

7’40’’

Scène de café : des hommes chantent en buvant un verre de vin ou un café.

 

 

Les bouleversements historiques

 

10’00’’

Un mode de vie traditionnel préservé par l’isolement
Une vieille femme pétri du pain à la main et le cuit dans un four à bois. Antonio dos Coderes Magales, ouvrier agricole à la retraite témoigne : « Avant une sardine suffisait pour 2… 3 personnes. Les familles avaient 2, 3 enfants. C’était la misère. On gagnait 20 escudos par jour, 120 par semaine, une misère. Il y avait une dame, Custodia, qui avait un truc en tôle, un pot où on gardait l’huile d’olive -et… voyait comme elle était !… C’était une grande propriété. Une souris est tombée dedans. Je l’ai mangée… D’autres auraient jeté l’huile. Des choses de la misère au Portugal. » Pendant 50 ans la dictature de Antonio Salazar isole le Portugal du reste du monde. Replié sur lui-même, il vit au ralenti dans le plus grand dénuement. »

 

11’00’’

La réforme agraire
Des images d’archives montrent des militaires et une foule en liesses dans les rues de Lisbonne. Le 25 avril 1974 la Révolution des œillets met fin à la dictature. Quelques mois plus tard les ouvriers agricoles de l’Alentejo lancent une réforme agraire. La plupart des grands propriétaires sont expulsés et leurs biens expropriés. Les journaliers se gardent bien de partager les terres, liés par une longue tradition au parti communiste, ils s’unissent pour les cultiver en commun. Des images d’archives montrent des paysans criant « en avant la réforme agraire ». En 1976 on compte 615 fermes collectives employant 70000 salariés. Teresa Novalias témoigne : « Quand on avait la réforme agraire en Alentejo, tout le monde gagnait son pain. Ils ne veulent pas qu’on le dise mais quand nous les alentejanos, avons le mieux vécu, c’était avec la réforme agraire. Tous au travail, les vieux, les jeunes… Les grands capitalistes le cachent mais c’est vrai. Le peuple alentejano a connu l’abondance quand la réforme agraire était là. N’en déplaise à certains. »

 

12’40’’

Le retour de la grande propriété
Ces tracteurs appartiennent à la dernière des onze fermes collectives qui exploitait des terres autour de Portel. Dès 1976 l’état s’oppose à la réforme agraire. Le pays est au bord de la guerre civile. Les Communistes et l’extrême gauche veulent en finir avec le capitalisme au risque d’isoler le Portugal. À l’inverse Socialistes et Libéraux partisans de l’économie de marché s’efforcent de rejoindre l’Europe pour sauver le pays de la ruine. Le libéralisme l’emporte et pour affaiblir le parti communiste la réforme agraire est démantelé. Les grands propriétaires récupèrent leur bien, morceau par morceau.

 

13’58’’

La modernisation de l’agriculture
Maria Candidenbrad, boulangère témoigne : « Dans le temps tout le monde travaillait. Maintenant on ne voit personne aux champs. C’est très important. Avant les champs étaient… plus travaillés. Il y avait… là bas un groupe de femmes… là un groupe d’hommes, tous au travail. Plus maintenant. Maintenant les machines font tout. »