SAINT-GILLES – ÎLE DE LA RÉUNION

 

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DÉCOUPAGE DÉTAILLÉ

 

     On trouvera ci-dessous le découpage détaillé du film, avec la transcription complète des commentaires (en italiques), des interviews (en italiques entre guillemets) et la description des séquences (en caractère normal). On trouvera un découpage plus court en cliquant ici.


 

0’00’’

Générique

 

 

Introduction : l’île de la Réunion

 

0’30’’

Situation
Situation géographique à grande et petite échelle à l’aide de cartes.

La Réunion se trouve au sud de l’Équateur, au milieu de l’océan indien. Madagascar, la terre la plus proche avec l’île Maurice est à 800 km à l’ouest. Ses voisins immédiats sont l’Inde (4500 km), l’Australie (7000 km) ou l’Antarctique (7500 km.)

 

1’15’’

Situation politique :

La Réunion est un département français. Elle était autrefois au centre d’un empire colonial qui a compris selon les époques l’île Maurice, les Seychelles, les comptoirs des Indes, les Comores, Djibouti, Madagascar. Aujourd’hui l’île est isolée, loin de sa métropole (9300 km.), sans lien politique avec les pays qui l’environnent.

 

1’25’’

Description.
La densité de population :

Ses dimensions sont restreintes (72 km x 42 km) mais sa population est élevée. [706 300 habitants en 1999 soit une densité de 282 habitants/km².] Un département français est en moyenne 2 fois plus grand mais deux fois moins peuplé.

 

1’45’’

Description du relief et du climat à partir de vues aériennes et de cartes :

L’île est cloisonnée par un relief d’origine volcanique. Les alizés poussent les nuages contre la montagne provoquant des pluies abondantes sur la partie orientale au détriment de l’autre versant plus aride, appelé « sous le vent ». les pentes orientales sont entaillées par des ravines creusées par les torrents qui dévalent les versants en ligne droite.

 

2’30’’

Histoire
La découverte :

L’île est déserte lorsqu’elle est abordée pour la première fois par des navigateurs portugais au début du XVIe siècle. Un navigateur anglais la décrit en 1613 comme un lieu idéal pour le ravitaillement des navires.

 

3’25’’

La colonisation :

L’île devient française en 1642. Elle sert d’escale aux navires partis de Nantes ou Bordeaux qui naviguent vers les Indes pour chercher des épices. La compagnie des Indes orientales installe des colons et leur distribue des concessions qui s’étendent du rivage au sommet des montagnes mais seules les terres fertiles, à mi pente, sont mises en valeur. Le littoral et les montagnes sont délaissés. Pour ravitailler les navires de passage, les colons cultivent du blé, du riz, du maïs.

 

 

4’15’’

La canne à sucre :

Ces cultures sont progressivement éliminées par la canne à sucre dont le commerce procure des bénéfices comparables à celles des mines du nouveau monde. La canne transforme l’île en une véritable colonie. C’est à dire en une terre dont les produits sont exclusivement destinés au marché européen.

 

 

 

La propriété Villèle Desbassayns

 

4’35’’

Le point d’observation

Observation de cette région choisie pour l’étude de l’évolution de l’île car elle en est la plus représentative.

 

4’44’’

Localisation du point d’observation.
Le point d’observation à mi-pente, axé sur la montagne, fait voir une pente régulière  continue, de 1500 mètres de dénivelé.

 

5’00’

Du point d’observation, face à la mer, on peut voir les champs de canne à sucre, qui font place à la savane puis, tout en bas, les maisons de Saint-Gilles-les-Bains.

 

5’15’’

La propriété : limites et description

Limites :

Ce point de vue est situé sur la propriété Villèle Desbassayns, l’une des plus anciennes plantations de l’île. Pour l’apercevoir dans son ensemble, il faut prendre de la hauteur. Sur la photographie aérienne on distingue nettement les tracés des deux ravines qui limitent son territoire.

 

5’30’’

Description :

La maison du maître est une vaste demeure avec un jardin à la française. Le camp des travailleurs à l’arrière plan, dissimulé par les arbres. À proximité du camp, l’usine, plus loin la chapelle construite à l’apogée de la plantation par Madame Desbassayns qui est alors la plus riche propriétaire de l’île.

 

6’29’’

Des images anciennes rappellent les descriptions précédentes. À sa mort Madame Desbassayns laisse un testament qui décrit minutieusement l’état de ses biens. Il établi la présence de 284 esclaves.

 

6’52’’

L’esclavage

Pour satisfaire l’Europe en sucre, les planteurs importent d’Afrique à bas prix des esclaves noirs, habitués au climat tropical, et facilement renouvelables. Ceux qui fuient la plantation sont appelés nègres marrons. Ils se réfugient dans les hauteurs, là où les maîtres ne s’aventurent pas, dans un monde fermé sur lui-même.

 

7’20’’

Des descendants d’esclaves marrons témoignent :

« je suis fier d’être marron (…) il y a toujours de l’esclavage, on nous a libéré dans la tête mais pas les mains et les pieds. »

 

8’40

La diversité de la population :

Lorsqu’on parcoure le territoire de la plantation on est surpris par le nombre de calvaires, oratoires, chapelles dédiés à des divinités aussi éloignées que la Vierge ou la déesse Kali. Ces sanctuaires témoignent de l’arrivée, par vagues successives, de populations venues d’Europe, d’Afrique ou des Indes où des travailleurs sont recrutés pour remplacer les 62 000 esclaves libérés en 1848, quand la République abolit l’esclavage.

 

9’20’’

Les visages d’enfants d’une école témoignent de la diversité actuelle de la population.

 

 

 

L’organisation du paysage

 

 

9’45’’

Une photographie aérienne montre l’étagement du paysage.

 

10’00’’

Les Hauts.

Le géranium :

La zone comprise entre 800 et 2000 m. appelée les Hauts est considérée comme hostile, sans intérêt économique jusqu’à la fin du XIXe siècle où la montagne change d’aspect avec la culture du géranium.

 

10’20’’

M. Begue, planteur, décrit la culture, la cueillette et la distillation à l’alambic du géranium pour la fabrication d’essence entrant dans les parfums français. Les images illustrent le commentaire.

 

11’10’’

La concurrence :

En 1963 les cours s’effondrent brutalement sous l’effet de la concurrence de la Chine et de l’Égypte. L’avenir des Hauts redevient incertain.

 

11’27’’

La mi-pente

La canne à sucre : une carte indique les champs de canne à sucre, installés à mi-pente (300-800 mètres). Un survol de cette région en souligne la monotonie. Le peu de terre que la canne délaisse ne suffit pas à nourrir la population de l’île.

 

12’15’’

Une culture coloniale :

C’est là l’une des caractéristiques de l’économie de plantation. En échange du sucre dont elle tire de bénéfices substantiels, la métropole subvient aux besoins alimentaires de la Réunion. La canne à sucre occupe 51 % des terres cultivables. 90 % des produits qui en sont tirés sont exportés vers l’Europe mais année après année elle recule. Les images montre la récolte et le traitement de la canne par des engins agricoles et machines.

 

12’30’’

Une culture en déclin :

L’économie de la canne est instable puisqu’elle dépend de l’extérieur. Depuis la fin des années 70 la baisse des cours affaibli les compagnies sucrières qui concentrent les cultures sur les meilleurs emplacements au sud de l’île.

 

12’50’’

La redistribution des terres :

Aujourd’hui la maison de Madame Desbassyns est désaffectée, l’usine est fermée, la plantation a été morcelée en petites exploitations. Les champs de canne à sucre ont été attribués à des cultivateurs, descendants des esclaves, ou des travailleurs recrutés en Inde.

 

13’10’’

En redistribuant les terres on veut encourager une agriculture familiale qui produirait les fruits, les légumes et la viande dont l’île a besoin pour s’alimenter.

 

14’00’’

L’échec de la réforme agraire :

Vue de la maison vétuste d’un cultivateur. En 30 ans, la moitié des terres cultivables a été redistribuée. La plupart des exploitations n’atteignent pas 5 ha et les revenus qu’on en tire sont souvent inférieurs au R.M.I. Une situation qui conduit beaucoup d’agriculteurs à abandonner leur exploitation.

 

14’25’’

La Savane
Les pâturages :

Entre les champs de canne et le rivage s’étend la savane qui sert de pâturage aux troupeaux à l’exception de quelques champs dans les creux, là où se concentre l’humidité.

 

14’40’’

Un lieu aride :

D’un côté la savane, de l’autre la canne. Cette répartition s’explique par des raisons climatiques. Une carte montre la répartition des pluies, plus abondantes à l’Est qu’à l’Ouest, mais qui augmentent, quelque soit le versant à mesure que l’altitude s’élève. Là où il y a de l’eau la canne domine. La savane recouvre la partie la plus aride de l’île.

 

15’35’’

Le littoral
Un lieu plein :

Sur la photographie aérienne le littoral apparaît comme une zone où l’habitat est fortement concentré. Sur place on est frappé par l’enchevêtrement des voies de communication, la densité des constructions.

 

15’55’’

Autrefois vide :

Quand madame Desbassayns dirigeait la plantation, cette zone était quasi déserte à l’exception de quelques maisons de pêcheurs installés sur la plage. (Vue de pêcheurs). À cette époque l’habitat était regroupé au centre des plantations, à proximité des champs de canne.

 

16’15’’

Le nouveau centre :

Aujourd’hui 80 % de la population vit sur le littoral, le développement du tourisme accélère l’urbanisation de la côte. 250 000 touristes ont visité la Réunion en 1994 contre 217 000 en 1993 soit une progression de 15 % en un an.

 

16’34’’

Un jeune touriste exprime sa déception. Le littoral ressemble à une banlieue parisienne : « tu fais 14 000 km mais tu trouves les mêmes panneaux, les mêmes embouteillages que la région parisienne ».

 

 

 

L’arrivée de l’eau dans la savane

 

 

17’05’’

La savane, un espace inutile ?

Ce qui frappe sur la photographie aérienne et la réalité c’est le contraste entre la concentration des hommes sur le littoral et le dénuement de la savane qui apparaît comme un espace abandonné, sans utilité.

 

17’30’’

La savane : un espace précieusement conservé :

Pourtant si on consulte le cadastre on constate que les derniers propriétaires de la plantation ont gardé précieusement cette zone inculte alors qu’ils se sont débarrassé de la plupart des champs de canne.

 

17’50’’

Explications :

Quelques indices disséminés dans le paysage donnent la clé de cette politique foncière surprenante au premier abord. Le premier indice est un golf installé par ces mêmes propriétaires.

 

18’05’’

Le golf :

Monsieur Bigeard, directeur du golf , témoigne : « Nous sommes un peu en altitude donc à l’abri des grosses chaleurs de l’été, abrités des vents dominants qui soufflent sur l’autre moitié de l’île, et également à l’abri des grosses précipitations. C’est plus embêtant pour arroser le gazon mais c’est très agréable pour les joueurs. Maintenant que notre terrain est à peu près terminé nous commençons a avoir des touristes de manière importante. Nous avons fournis un nombre considérable d’emplois aux gens. Les jeunes du village font les caddies et ramassent les balles perdues. Une balle neuve vaut 15 francs nous leur rachetons 5 F. ça leur fait un pécule très intéressant tous les mois »

 

19’05’’

Le jardin exotique : le deuxième indice est un jardin qui se détache nettement de la savane. Il suffit d’un peu d’eau et un nouveau paysage se met en place.

 

19’40’’

D’ou vient l’eau ?

Or cette partie de l’île est particulièrement aride. Une carte : pour pallier à la sécheresse la montagne est creusée de part en part de manière à basculer vers l’ouest l’eau qu’on trouve en abondance sur l’autre versant. Plus de 2 milliards de francs ont été dépensés pour irriguer 2 000 hectares de terres cultivables. Officiellement il s’agit de développer l’agriculture.

 

20’00’’

Qui profite de l’eau ?

Mais en y regardant de plus près on s’aperçoit que la savane et les agglomérations en seront les premiers bénéficiaires, bien avant les zones cultivées.

 

20’10’’

La nouvelle valeur de la savane :

Les grands propriétaires qui détiennent la savane restent discrets sur l’utilisation qu’ils comptent en faire. Toutefois le golf laisse supposer qu’ils la destinent en priorité à des opérations immobilières ou touristiques. Avec l’arrivée massive de l’eau la transformation de la savane en un paysage exotique destiné aux touristes d’Europe devient un rêve accessible. On comprend mieux alors l’intérêt pour la savane. L’irrigation et sa proximité du littoral lui confèrent une valeur que rien dans son aspect actuel ne laisse deviner.

 

 

 

Conclusion :

 

21’00’’

Quand la canne triomphait elle était le cœur du paysage . Tout le reste, la montagne et le rivage, les extrémités, était lointain et inutile. Aujourd’hui la plantation de canne perd son emprise. Le paysage qu’elle a construit se délite. Les terres sont morcelées. Les sucreries ferment pour devenir des musées.

 

22’00’’

Tout bascule. Le centre devient périphérie. Le beau, l’utile ce n’est plus les champs de canne mais la plage, les montagnes.

 

23’00’’

Générique de fin

 

23’50’’

Fin.

 

 

 

 

 

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[Droits d’auteurs]

 

Page réalisée par Gauthier LANGLOIS

Extraite du site Pédagogique à l’adresse :
< http://www.multimania.com/gautlang/paysages/saint_gilles_decoupage.htm >
Dernière mise à jour : 2 octobre 2001